Né à l’Automne 1974 outre-Rhin, après un début d’existence sous les meilleurs auspices, mes pas, dans le sillage de ceux de mes parents, m’amenèrent en France au courant de l’hiver 80.
Du haut de mes six ans, le contraste de vie et l’atmosphère qui régnaient et se dégageaient de ce pays, racines d’une partie de mes origines, me furent d’une grande violence.
Après avoir adoré l’école en Allemagne, encline d’un grand sens de liberté, d’émancipation et d’épanouissement de sa jeunesse, je fis un rejet sans concession du système scolaire à la française. Celui-ci était alors animé par une méthode fracassante avec pour seule injonction « Marche ou Crève » là où le système germanique ne laissait absolument personne pour compte.
Soumis et embrigadé dans cette scolarité, je développai en reflex une cancre-attitude, pratiquant la rêverie plus que le chahut, le plus souvent proche d’une fenêtre et quasiment tout aussi souvent d’un radiateur, lors desquels, mes cours étaient remplacés par des évasions géostationnaires multiples. Pendant ce temps-là, mon corps, lui, remplissait avec bravoure sa fonction d’acte de présence… « merci à lui de s’être sacrifié ainsi tant d’années d’affilées afin d’offrir une couverture à dame l’âme, lui procurant ainsi des occasions quotidiennes de s’échapper loin loin loin de cet ennui ambiant ».
Pour ma survie, totalement à mon insu, je commençais à creuser et à nourrir une caverne d’Ali Baba interne. Cependant, mis au pied du mur en fin de cursus scolaire, il me fallut choisir une voie d’orientation.
Mon rêve de devenir cascadeur pour le cinéma fut converti en un apprentissage des métiers de l’image de cette même industrie cinématographique.
Après une année sabbatique à travailler et épargner pour financer en partie mon voyage de trois mois au nouveau Monde (USA et Canada), je démarrai avec enthousiasme une première école de cinéma. Après seulement quelques mois, contre toutes attentes celle-ci ferma subitement ses portes à la façon d’un sordide scénario de film noir.
Arnaque, affaires de mœurs, espionnage au pays de la Liberté pour le compte du puissant KGB du pays des Soviets… les truculents ingrédients étaient réunis… de telle sorte qu’un mandat d’arrêt international avait été émis par INTERPOL à l’encontre de notre pourtant si charmant et souriant directeur d’école. Je continuai donc mon apprentissage dans une seconde école de cinéma, qui, d’ailleurs, subsiste encore de nos jours.
Passant tour à tour du poste de machiniste à celui de chef-machiniste, puis ensuite d’assistant opérateur (second, puis premier) à celui de cadreur, ma ligne de Vie se déploya au travers d’un parcours sinueux.
La pratique éparse de ce métier-passion m’obligeait à garder un lien avec des missions alimentaires qui s’entrecroisaient avec de ponctuelles propositions de tournages audiovisuels. Ces emplois de compléments me firent vivre des expériences très variées mais pas toujours savoureuses… Tantôt ; barman des délégations étrangères durant le G7, archiviste de plaques photographiques en vue d’une exposition centenaire organisée par Kodak, préparateur de véhicules et agent de comptoir pour le compte d’Hertz, Releveur de compteurs tour à tour chez EDF ainsi qu’à la Compagnie Générale des Eaux, Déménageur pas très crédible en breton sans chapeau rond, vendeur de journaux à la criée comme dans le Chicago des années 20 (euh,… 1920 hein ? Pas 2020 !) lors de la grande époque de la prohibition, puis préparateur de commandes au sein de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, manutentionnaire pour une kyrielle d’entreprises familiales ou multinationales,… Et je décide de vous épargner en m’arrêtant là, il serait trop fastidieux de tout citer et sans doute tout autant de tout lire,… et je ne veux absolument pas vous perdre!!!
Tant que vos yeux me parcourent j’existe,… si vous levez le camp en cours de parcours… « wziiÏiiouuup »,… je m’évapore.
Fin 1996, étant rattrapé par mes obligations militaires, j’ai eu le privilège de servir sous l’étendard de l’E.C.P.A. (l’Etablissement Cinématographique et Photographique des Armées) et de participer à une multitude de tournages militaires et/ou civils et ainsi de collaborer avec des grands noms du 7ème Art tels que Claude LELOUCH, Jean-Marie LAVALOU ou encore Alain MASSERON.
Fin 1997, de retour à la vie civile après avoir rangé au placard mon grade de brigadier-chef, je repris le chemin saccadé des tournages, entrecoupés, as always, de missions d’intérim.
Les tournages qui se sont enchainés alors, qu’ils aient été régionaux, à l’échelle nationale, internationale ou encore même transcontinentale m’ont tous apporté une immense richesse culturelle, car avant l’aspect technique c’est bien cette dimension d’échange humain qui a toujours primé, tel qu’au cours de mes différents périples.
Se succédèrent, des fictions courtes, des téléfilms, des spots publicitaires, des clips musicaux, des captations live en plateaux multi-caméras, des funérailles élogieuses, des longs-métrages, ainsi qu’une série d’épisodes pilotes pour un sitcom…
À titre privé, c’est une période où j’ai entrepris un périple façonné au jour le jour sans aucun préparatif ni anticipation et qui me fit parcourir, avec mon amie de l’époque, la bande Nord de l’Inde, ainsi qu’une partie de la chaîne de l’Himalaya sur les moyens – hauts massifs du Népal.
En rentrant en France, après cette exquise Aventure, de manière totalement inopiné, mais qui mérite à mon sens d’être cité ici, je fus également l’assistant ponctuel (en renfort) d’un photographe français, Y.A.B. . Cet artiste mondialement connu, l’est notamment pour son activisme à des fins de préservation de notre chère et si singulière planète, ainsi que du vivant qui la peuple, mais avant tout par le large public pour ses fabuleux clichés de « Earth From Above ». Il délivre, au travers de ses œuvres, un état des lieux à l’esthétisme digne de toiles de maîtres, qui à la fois nous alertent et nous sensibilisent sur la fragilité de notre mère à tous : « Gaïa la Terre ».
Les travaux de shooting, afin de parfaire deux de ses ouvrages en cours, nous emmenèrent du studio éphémère monté au Salon de l’Agriculture basé porte de Versailles en vol direct et quasi sans escale, à destination du fin fond du Tchad et de son voisin frontalier le Cameroun pour une expérience et une expédition en immersion totale, unique et sans précédent.
Via un retour contraint et discontinu sur le plan des missions de travail temporaire, je commençai de manière entrecroisée à celles-ci, une participation à une myriade de longs-métrages tant fictionnels qu’historiques sur la toile de fond d’une période sombre, celle des années de plombs qui se déroulèrent sous le règne d’Hassan II.
En résultat une délicieuse bougeotte propre aux road-movies, qui me fit découvrir l’étendu et la beauté du Royaume du Maroc comme jamais je n’aurais espéré le faire, fréquentant ainsi des contrées tellement variées, reculées et insoupçonnées. Tant les équipes techniques/artistiques que les peuples résidants dans nos lieux de décors naturels, furent pour moi d’une fertilité et d’un enrichissement que trop rarement égalés.
La simplicité était toujours au rendez-vous pour un résultat toujours plus étonnant que les précédents.
Jillali FERHATI, acteur, réalisateur, scénariste, producteur, homme de théâtre, à l’âme bien singulière dotée d’une philosophie et d’une poésie au quotidien, me rendit littéralement amoureux de mon passionnant métier, de son Art et de sa personne. Son cinéma est d’une extrême beauté qu’il serait inspiré de mettre sous le regard des citoyens du Monde entier.
Il a reçu de son vivant, (car grâce à Dieu et aux Dieux gestionnaires des départs et des arrivées à la surface de notre planète il est encore des nôtres et je l’espère encore pour longtemps), un prix pour l’ensemble de son oeuvre lors de la 17ème édition du Festival International du Film de Marrakech. Lors de cette édition, le jury était notamment constitué de la feu très inspirante pionnière et engagée Agnès VARDA ainsi que de l’énigmatique et charismatique Robert DE NIRO.
Ce fut pour moi une école de la Vie et du cinéma merveilleuse et tellement inespérée,… … Jusqu’à l’arrivée cauchemardesque et massive de techniciens de l’hexagone qui se sentant en terrain conquis ont réussi à corrompre un sain équilibre en à peine quelques semaines de présence.
Dès lors, je retournais en France, affecté et profondément désillusionné par cette cuisante expérience à laquelle rien ne m’avait préparé, car la notion que les hommes sont des loups pour les hommes ne me parle pas. J’ai cette conviction, « naïve » d’après certains, que l’humain a le plein potentiel d’être porteur d’une multitude de bienfaits. Et que seule cette attitude nous confère de la richesse lors de notre passage terrestre. Certes ce n’était pas le cas de cette horde-là, même si parmi eux, deux des leurs m’ont apporté soutiens et reconnaissances quand les autres assoiffés d’asseoir leur pouvoir avaient le dos tourné.
De retour dans ma région, le travail temporaire me permit d’intégrer le département de la pharmacovigilance d’un groupe leader mondial de la vaccination. J’y fis la rencontre d’une équipe soudée et sacrément bienveillante les uns envers les autres.
Je m’activais dans une sorte d’îlot préservé par sa dépendance morale dont la mission était davantage au service du patient, du prescripteur, du consommateur, qu’au service du dividende à atteindre coûte que coûte par le groupe, pour essayer de rassasier la frénétique fringale de ses actionnaires.
Malheureusement, n’étant ni pharmacien ni médecin, après une série de renouvellements de contrats et d’une paire d’années à servir ce formidable département intègre, nos chemins furent contraints de se séparer. Il semblait que toute bonne chose ait une fin.
La Vie m’envoya sur un toboggan d’expériences, toujours dans l’industrie pharmaceutique mais aux antipodes de la pharmacovigilance,… je fus ainsi propulsé vers un CDI de consultant qui me dévitalisa de manière fulgurante.
Le tourniquet de la Vie m’éjecte à présent vers mon envie et besoin de revenir à une activité créative et artistique en arpentant de nouveaux paysages et d’autres possibles.
… Alors,… embarquez avec moi pour de nouvelles aventures…